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Un pompier n’en serait pas un sans sa tenue emblématique. Coûteuse et présentant d’excellentes performances techniques, elle est régulièrement remplacée au cours de sa carrière. Cependant, jusqu’à présent, les tenues usagées étaient tout simplement… enfouies ! Ce sont ainsi des tonnes de vêtements qui finissaient sous terre. Jusqu’au jour où le commandant Malassigné eut une chouette idée…
Le soldat du textile… recyclé
Les tenues des pompiers sont des vêtements d’exception, compte tenu de la nature de leur travail. Elles doivent avoir d’excellentes propriétés thermiques, afin de leur permettre d’intervenir dans des environnements hostiles (bâtiments sinistrés, en proie aux flammes, etc.). Elles sont constituées de fibres d’aramide viscose, un matériau qui présente la particularité de ne pas dégager d’énergie lorsqu’il est exposé aux flammes. Au contraire, elles se figent et se transforment en minéral. Cette caractéristique explique son prix : de 30 à 120 euros le kilo.
Originaire de la division de l’Indre, le commandant Malassigné pense alors au recyclage des tenues réformées : pourquoi ne pas refaire des tenues à partir des anciennes ? En effet, pour le seul département de l’Indre, ce sont près de deux tonnes de tenues qu’il faut remplacer chaque année ! Un volume de déchets inenvisageable pour ce dernier. Sauf qu’il y a un hic : une fois déchiquetée pour être extraite des tenues usagées, la fibre se reforme mal, perdant alors son intérêt. Alors qu’en faire ? La réponse, le commandant la trouve du côté de Lille. Une entreprise se propose de collecter les tenues, de les déchiqueter, et d’en faire ensuite des plaques de matériau isolant destinées aux bâtiments ! Ni une ni deux, les expérimentations sont lancées.
Une tenue transformée en matériau hautement isolant
En guise de laboratoire pour son idée, le commandant Malassigné pense naturellement … aux casernes de pompier de son département. Rapidement, une salle de formation dans la caserne de Déols est équipée de ces panneaux. C’est un succès, la salle reste à une température soutenable même en plein été. La caserne d’Eguzon, alors en plein travaux de rénovation, bénéficie aussi de cette innovation. Pour fabriquer 10 m² de ce super isolant, il faut environ 20 tenues. Le département de l’Indre renouvelant environ 1500 tenues par an, l’opération est donc idéale, et permettrait de fournir un bon volume d’excellent isolant. Tout en favorisant l’industriel Lillois dans ses activités liées à l’économie circulaire !
Une technique aujourd’hui déployée sur tout le territoire !
Le commandant Malassigné ne manque décidément pas d’imagination et d’ambition concernant sa nouvelle solution. Non content de concourir à plusieurs concours à travers son « invention » (concours d’innovation interne des pompiers, concours Europe1…), il a décidé de ne déposer aucun brevet dessus, espérant voir un déploiement rapide à l’échelle nationale. Cette particularité, empruntée à l’univers des développeurs de logiciels en open-source (libres de droits, permettant à chacun de faire évoluer les solutions selon ses besoins), permettra sans doute à plusieurs autres territoires d’adopter eux-aussi ces nouveaux panneaux isolants au lieu d’enfouir les tenues usagées. Avec plus de 500 tonnes de ces déchets par an au plan national, le volume d’isolation fournie serait conséquent.
A l’heure où tout le monde parle d’économie circulaire, notamment dans la capitale, les pompiers de l’Indre ont décidé de passer à l’acte. On salue cette belle initiative, les tenues de pompiers ne faisant pas (encore) l’objet d’une box dédiée chez Les Joyeux Recycleurs !
